mardi 4 décembre 2007

Sinterklaas en français



La fête de la Saint-Nicolas - « Sinterklaas » en néerlandais - est un événement annuel qui a été pendant des siècles une tradition purement hollandaise et flamande. Avant tout fête des enfants, la Saint-Nicolas est célébrée le 6 décembre dans la plupart des pays catholiques, mais c'est seulement aux Pays-Bas que la veille de ce jour est devenue une fête pour tous, jeunes et vieux, catholiques ou non, et a perdu toute connotation religieuse. Certes, Sinterklaas a gardé ses ornements d'évêque, mais son statut de saint n'a plus rien à voir avec ce que les Hollandais ont fait de lui: une sorte de Superman bienveillant, que l'on fête en se faisant des cadeaux et en se moquant gentiment les uns des autres.
Reste que la légende de Saint Nicolas est basée sur des faits historiques. Saint Nicolas a bel et bien existé. Il est né en l'an 271 et est mort le 6 décembre 342 ou 343 apr. J.-C. Des archéologues ont même retrouvé sa tombe dans l'ancienne ville de Myre, dans la Turquie actuelle.



L'histoire de Saint Nicolas
Enfant d'une famille aisée, Nicolas est élevé dans la foi chrétienne. À la mort de ses parents, emportés par une épidémie, il distribue ses biens aux pauvres et devient prêtre. Plus tard, devenu évêque de Myre, la renommée de ses bonnes oeuvres s'étend rapidement au-delà des rives de la Méditerranée. Le bon évêque exauce la prière de marins désespérés et calme les flots déchaînés; il fait tomber les murs des prisons où croupissent des persécutés; il sauve des petits enfants dépecés par un boucher et dépose des pièces d'or dans les chaussures de jeunes filles dépourvues de dot. Saint Nicolas s'impose peu à peu comme le patron des marins et des marchands, mais tout particulièrement comme celui des enfants. Après sa mort, son culte s'étend rapidement à l'Italie du Sud et à des villes côtières de l'océan Atlantique et de la mer du Nord. Aux XIIe et XIIIe siècles, les Hollandais dédient pas moins de 23 églises à Saint Nicolas, dont beaucoup existent encore. Saint Nicolas est le patron d'Amsterdam. Il est fêté le 6 décembre, jour de sa mort.



Si le culte de Saint Nicolas s'est implanté si fortement en Flandre et en Hollande -une région vouée au commerce et à la navigation -c'est essentiellement parce qu'il était le patron des marins et des marchands. Pourtant, c'est son rôle de protecteur des enfants qui a rapidement prévalu. Au XIVe siècle, les enfants de choeur des églises dédiées à Saint Nicolas recevaient quelques piécettes le 6 décembre et étaient dispensés de leur tâche ce jour-là. Plus tard, les élèves des écoles religieuses recevaient récompenses ou punitions d'un de leurs maîtres déguisé en Saint Nicolas, avec une longue barbe blanche, un manteau rouge, une mitre et une crosse dorée, ornements auxquels Saint Nicolas est resté fidèle jusqu'à ce jour.


La fête de la Saint-Nicolas aux Pays-Bas


Tous les enfants hollandais savent que Sinterklaas vit en Espagne. Pourquoi en Espagne? Personne ne le sait, mais c'est ce que disent toutes les anciennes légendes et chansons. Quoi qu'il en soit, Sinterklaas passe le plus clair de son temps à consigner dans son grand livre rouge les faits et gestes de tous les enfants, tandis que son serviteur Zwarte Piet (appelé aussi Piet tout court) prépare les cadeaux pour le 5 décembre. Dans les premières semaines de novembre, Sinterklaas, monté sur son cheval blanc, et Zwarte Piet, portant sur son dos un sac plein de cadeaux, s'embarquent sur un bateau à vapeur à destination des Pays-Bas. À la mi-novembre, le bateau arrive aux Pays-Bas - chaque année dans un port différent -, ses passagers sont accueillis par le maire et une délégation de citoyens de la ville. Le cortège et les festivités sont retransmis en direct sur les antennes de la télévision nationale. L'événement marque le début de la « saison de Sinterklaas ».Dès ce moment, Sinterklaas est présent partout à la fois. La nuit, inlassablement, il passe avec Zwarte Piet sur les toits des maisons. Tandis que Sinterklaas s'assure que les enfants sont bien sages, Zwarte Piet descend dans la cheminée et remplace la carotte ou le foin que les enfants ont déposés dans leurs chaussures à l'intention du cheval de Sinterklaas par un petit cadeau ou des friandises. Le jour, ils sont plus occupés encore, visitant sans relâche écoles, hôpitaux, centres commerciaux, restaurants, bureaux et maisons particulières. Zwarte Piet sonne à la porte, jette des poignées de friandises par la porte entrouverte et dépose un sac plein de cadeaux. D'où vient donc le don d'ubiquité de Sinterklaas? C'est bien simple: il dispose de toute une armée d'aides déguisés les uns en Sinterklaas, les autres en Zwarte Piet, qui l'assistent dans l'accomplissement de sa tâche. Aux enfants qui s'aperçoivent de la supercherie, on répond que Sinterklaas ne peut pas, en effet, être partout à la fois et que ses amis sont là pour l'aider.


Les Hollandais déploient, eux aussi, une intense et joyeuse activité en cette période de l'année. Pour acheter des cadeaux, bien sûr, mais surtout pour fabriquer les « surprises » car la tradition veut que les cadeaux soient emballés de manière à tromper sur le contenu - d'où leur nom de surprises - et qu'ils soient accompagnés d'un poème en rimes où le destinataire ne manquera pas de reconnaître l'un ou l'autre de ses petits travers. Car c'est là que réside l'essence même de la fête de Sinterklaas: s'amuser, encore et encore, en un jour où chacun est non seulement autorisé, mais tenu de se moquer gentiment d'autrui. Enfants et parents, élèves et enseignants, employés et employeurs, amis et collègues s'y emploient donc consciencieusement, en pointant à l'envi les mauvaises habitudes et les menus travers de chacun.

La fête, c'est aussi la façon dont les cadeaux sont cachés ou camouflés. On organise parfois de véritables chasses au trésor à travers la maison, car les cadeaux peuvent se trouver partout: dans la réserve de pommes de terres, à l'intérieur d'un entremet, dans un gant rempli de sable humide, dans le corps d'une poupée ou encore à l'intérieur d'un objet-surprise parfaitement farfelu. Il faut se donner de la peine pour entrer en possession de son cadeau, autant que pour confectionner ceux que l'on destine aux autres, mais tout le plaisir est là.

Le poème qui accompagne traditionnellement le cadeau représente à lui seul un véritable défi. Du reste, l'auteur n'a que l'embarras du choix: menus travers, amours, incidents, habitudes amusantes et secrets jalousement gardés, la source à laquelle il puisera son inspiration est inépuisable. Le bénéficiaire, quant à lui, doit lire à voix haute le poème, qui ne manque pas de déclencher l'hilarité générale. Le véritable auteur du cadeau restera anonyme, car tous les cadeaux sont censés venir de Sinterklaas, que le bénéficiaire remercie d'un retentissant «Dank je wel, Sinterklaas!» (Merci, Saint Nicolas!), même s'il a cessé d'y croire. À l'approche du 5 décembre, tout le monde se met à chercher des rimes aux Pays-Bas: dans la presse, à l'école, au travail et même au Parlement.


Le 5 décembre, entreprises, bureaux, commerces, tout s'arrête un peu plus tôt que d'habitude. Chacun s'empresse de rentrer chez soi, où l'attendent friandises et pâtisseries traditionnelles, les mêmes que celles que l'ont voit sur les tableaux des maîtres du XVIIe siècle. Des lettres en chocolat, à l'initiale de chaque convive, servent à indiquer la place de chacun. Sur la table, de grands pains d'épices en forme d'hommes ou de femmes, appelés « amoureux », et dans une corbeille, de mystérieux paquets. À portée de main, une paire de ciseaux. Après le dîner, c'est le moment de manger les friandises, d'ouvrir les paquets et de lire les poèmes à haute et intelligible voix afin que chacun puisse savourer pleinement les piques décochées aux uns et aux autres. Ce qui compte avant tout, c'est l'originalité et l'investissement personnel plutôt que la valeur marchande du cadeau. C'est pour cette raison que Sinterklaas est une fête si joyeuse pour tous, jeunes et vieux.






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